Mobilisés en 2020 sur l’un des premiers clusters du territoire, ils racontent… (partie 3)

Dans nos articles précédents, Ludivine, Michel et Annabelle vous ont raconté leurs missions respectives de suivis et d’investigations des cas dans différents établissements scolaires suite à l’apparition de l’un des premiers foyers épidémiques de Covid-19 en Hauts-de-France.

Aujourd’hui, Rémy, Régine, Brigitte et Isabelle complètent ces témoignages en vous racontant leurs expériences au sein de ces mêmes établissements.

L’ALERTE (29 FEVRIER 2020)

@Brigitte, infirmière et réserviste depuis 2019
Je reçois l’alerte « Départ immédiat – Renfort du dispositif sanitaire des Hauts-De-France dans le cadre du cas groupé de Covid-19 » à 19h22. Je ne suis jamais partie en mission, et je souhaite apporter mon aide dans la lutte contre cette épidémie. J’ai déjà postulé à d’autres alertes, sans avoir été retenue. Ainsi, je me dépêche de postuler à celle-ci.

@Régine, médecin et réserviste depuis 2017
Je suis chez moi quand je reçois l’alerte. Je suis médecin avec une formation en épidémiologie, et j’aime l’ambiance particulière du travail de terrain lors des investigations dans cette discipline. Par ailleurs, compte tenu de l’expérience acquise lors de ma mission à Carry-le-Rouet, je trouve cela naturel de mettre ces acquis à disposition de la Réserve sanitaire.

@Rémy, infirmier et réserviste depuis 2017
J’ai rejoint la Réserve sanitaire en 2017 pour me rendre utile en cas de situations sanitaires exceptionnelles. Lorsque je reçois l’alerte, je suis à mon cabinet d’infirmier libéral. Je peux facilement être disponible sur les périodes demandées, et je souhaite contribuer, à mon humble niveau, à l’intérêt général.

L’APPEL DE LA RESERVE SANITAIRE (01 MARS 2020)

@Isabelle, médecin et réserviste depuis 2019
Le 01 mars, l’ARS Ile-de-France nous annonce que notre mission à Roissy Charles de Gaulle se termine.
La Réserve sanitaire, par l’intermédiaire de notre référent de mission, propose alors à celles et ceux qui le souhaitent de s’engager sur une autre mission à Crépy en Valois à partir du lendemain. Je confirme ma disponibilité. Je suis prête à relever un nouveau défi !

@Rémy, infirmier et réserviste depuis 2017
Je déjeune avec ma petite famille lorsqu’une réserviste en renfort au siège me contacte. Je lui confirme ma disponibilité dès le lendemain. J’en discute ensuite avec ma famille, qui se pose beaucoup de questions à ce moment, les rassure puis je me prépare à partir.

@Régine, médecin et réserviste depuis 2017
L’équipe de la Réserve sanitaire m’annonce que la mission doit commencer dès demain et me demande si je l’accepte. C’est oui, bien sûr ! Je passe quelques coups de fil pour modifier mon agenda puis je vérifie le contenu de mon sac de mission.

@Brigitte, infirmière et réserviste depuis 2019
Lorsque je reçois l’appel de la Réserve sanitaire, je suis passagère dans un véhicule car je reviens d’un dimanche passé chez mon fils et sa famille. Il est 17h15 environ.
J’arrive à mon domicile à 19h, et me met immédiatement à préparer mes affaires. Je n’ai jamais été aussi rapide, peut-être 1 heure. (Il faut avouer que j’ai l’habitude de tout lister en amont).
Vers 23h, je reçois par mail mon billet de train, je suis ainsi informée de l’horaire de départ : à 6h le lendemain matin à la gare la plus proche, 9 km. Dans la nuit, je reçois en complément le mail de début de mission avec toutes les informations.

ARRIVEE SUR LE LIEU DE MISSION (02 MARS 2020)

@Brigitte, infirmière et réserviste depuis 2019
L’acheminement se passe bien, avec une correspondance à Lyon Part Dieu, où j’ai pris un TGV pour Paris.
Là, je n’ai que 3/4h pour rejoindre Paris Gare du Nord avec 2 métros différents. J’avoue avoir été un peu inquiète, d’autant que c’était ma 1ère mission, mais j’ai réussi à prendre le train pour Creil peu de temps avant son départ.
A l’arrivée en gare de Creil, je suis accueillie très chaleureusement par des « anciens » réservistes. C’est très appréciable, d’autant plus tout cela est encore inconnu pour moi.
Nous déjeunons tous ensemble, faisant ainsi connaissance. Nous allons ensuite à l’agence de locations de voiture puis rejoignons Crépy-en-Valois. Le soir, nous aurons notre premier briefing.

@Rémy, infirmier et réserviste depuis 2017
Je pars à 10 heures le lundi : 4h de voyage, je mange un sandwich dans le train et j’arrive à la

gare de Creil vers 14h. Beaucoup de choses passent par la tête pendant l’acheminement, nous avons très peu d’informations sur la mission !

A mon arrivée, je rejoins un groupe d’arrivants sur une terrasse près de la gare. Les autres réservistes sont en train de récupérer les voitures de location.

Cette première journée me paraît un peu longue, mais c’est un temps important pour s’organiser, prendre ses marques, et prendre connaissance de la mission et des autres réservistes sanitaires.

@Régine, médecin et réserviste depuis 2017
En arrivant à 14h30 à Creil, parmi la vingtaine de réservistes qui attendent déjà, je retrouve celles et ceux qui étaient avec moi à Carry le Rouet. Nous récupérons les voitures de location et prenons la route pour rejoindre Crépy en Valois, situé à une trentaine de kilomètres de Creil.
Une fois arrivés à l’hôtel, nous avons un briefing sur la mission : nous devons nous répartir dans deux établissements d’enseignement fermés pour organiser l’accueil, les consultations et les prélèvements des collégiens, lycéens, de leurs parents et des enseignants.

1er briefing sur la mission avec un représentant de l’Agence Régionale de Santé

LA MISSION (03 AU 08 MARS 2020)

@Isabelle, médecin et réserviste depuis 2019
La nouvelle mission est très différente de celle que j’ai commencé à l’aéroport Charles de Gaulle.
Dans un établissement vide, il s’agit d’organiser des circuits de circulation, prévoir et installer le matériel nécessaire ainsi que de participer à l’élaboration d’un questionnaire.

Une trentaine de réservistes – médecins, infirmiers, épidémiologistes – sont prêts à accueillir les lycéens, leurs familles et les personnels de l’établissement aux cotés de l’institut Pasteur et de l’équipe administrative des établissements.

@Régine, médecin et réserviste depuis 2017
Nous travaillons en étroite collaboration avec madame le proviseur du lycée où nous sommes affectés avec une partie des réservistes.  La première matinée est dédiée à l’organisation des locaux c’est à dire la répartition des salles en fonction des activités planifiées et la mise en place du fléchage d’un circuit entrée-sortie. Ce circuit sera le suivant :

  1. Accueil et désinfection des mains.
  2. Récupération des masques usagés (DASRI) et remise de nouveaux masques avec explication pédagogique sur leur manipulation/application
  3. Prise de la température et enregistrement auprès du secrétariat.
  4. Acheminement vers des salles d’attentes aérées (en dépit du froid).
  5. Consultation et remplissage du questionnaire médico-social établi par l’ARS
  6. PCR réalisée dans une pièce-laboratoire dédiée, par un binôme médecin-IDE de la Réserve sanitaire
  7. Prélèvement sanguin réalisé en suivant et sur la base du volontariat, dans un autre local, par une équipe de l’institut Pasteur
  8. Sortie
Organisation des circuits de consultations et de prélèvements dans un des lycées

@Rémy, infirmier et réserviste depuis 2017
Chaque journée commence à 7h avec un briefing et se termine par un débriefing de la journée à l’hôtel. Au sein des établissements, nous travaillons en binôme médecin/infirmier pour les évaluations médicales, la gestion des statistiques d’activité, remises chaque jour aux épidémiologistes, ainsi qu’au réassort du matériel dans les salles.

Répartition et organisation des tâches avec Martine, référente de mission

@Isabelle, médecin et réserviste depuis 2019
Nous sommes 7 binômes répartis dans les différentes salles de classe pour recevoir individuellement chaque personne, remplir le questionnaire, effectuer un examen médical, les ausculter si nécessaire, et bien sûr rester à l’écoute et rassurer.
S’il y a des symptômes de covid en cours ou datant de moins de 4 jours, une équipe de réserviste réalise un prélèvement nasopharyngé pour analyse PCR.

@Brigitte, infirmière et réserviste depuis 2019
Dans un premier temps, je participe aux consultations des élèves et des professeurs d’un lycée puis ensuite d’un collège de la région. Nous informons aussi les personnes reçues sur la conduite à tenir et les mesures sanitaires. Nous devons aussi soutenir et rassurer des familles souvent inquiètes.
Je suis également en binôme avec un médecin pour les prélèvements PCR lorsque ceux-ci s’avèrent nécessaires.

Préparation des consultations

FIN DE MISSION (09 MARS 2020)

@Régine, médecin et réserviste depuis 2017
En 3 jours nous avons pu accueillir et offrir une consultation avec ou sans prélèvements à environ 800 personnes réparties sur 2 établissements.
L’implication sans faille, le pragmatisme et l’empathie de madame la proviseure du lycée et ses collaborateurs ont contribué à l’efficacité de notre intervention.

@Brigitte, infirmière et réserviste depuis 2019
Cette première mission m’a apporté beaucoup de contacts et d’échanges, tant avec les élèves et leurs parents qu’avec les réservistes. Elle m’a d’ailleurs donné envie de repartir en mission !

@Isabelle, médecin et réserviste depuis 2019
Pendant ces quelques jours, ce fût fascinant d’en apprendre plus sur cette maladie dont nous ne connaissions rien ou presque. Nous avons pu relever par exemple que la perte d’odorat et du goût était un élément nouveau et caractéristique de cette infection.

Participer à cette mission dans les Hauts-de-France m’a beaucoup plu. J’ai eu le sentiment, à ma petite échelle, d’être une pionnière dans l’inconnu.

Qui plus est travailler avec une équipe soudée, venant de tout horizon, avec des compétences diverses et enrichissantes est toujours un plaisir que je renouvellerais dès que possible.

@Rémy, infirmier et réserviste depuis 2017
Au cours de cette mission, j’ai été impressionné par la capacité de chacun à se mobiliser rapidement et à travailler en équipe efficacement pour l’intérêt commun mais aussi par la capacité de chacun à s’adapter, à faire appel à ses compétences tout en sortant de sa zone de confort, de faire preuve d’autonomie et d’initiatives.

Ces huit jours de missions ont été très différents, avec des objectifs et des missions qui changeait d’un jour à l’autre. Il fallait savoir attendre ! Avec du recul, ça me paraît être une qualité très importante pour un réserviste sanitaire : la capacité à savoir attendre tout en étant disponible physiquement et psychologiquement.

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