Louis, pharmacien et logisticien à la Réserve sanitaire, est parti pour une mission de vaccination contre la fièvre typhoïde, 15 jours, en Aout 2023. À cette occasion, nous l’avons rencontré lors du briefing, avant son départ.

Bonjour, peux-tu te présenter stp ?

Bonjour, je suis Louis BERTIN, j’ai trente ans et je suis pharmacien praticien hospitalier. J’exerce au sein d’un centre hospitalier général, dans les Hauts de France et j’ai la casquette de pharmacien et de logisticien à la Réserve sanitaire.

Où pars-tu en mission ?

Je pars à Mayotte.

Il s’agit d’une mission extra-hospitalière où nous allons vers les populations au sein de villages au Nord de l’île. Nous aurons le privilège d’être épaulés par des associations locales pour établir les premiers contacts avec les habitants.

Quel est l’objet de ta mission ?

L’objet de cette mission est de vacciner contre la typhoïde et de faire de la prévention sur les maladies hydriques liées au péril fécal.

Il n’y a actuellement pas d’épidémie de typhoïde sur l’île mais comme il y a une pénurie d’eau avec le risque que la population utilise de l’eau stagnante favorisant la contamination par des bactéries telles que Salmonella typhi, le but sera donc de prévenir la survenue de cas de fièvres typhoïdes.

Des cas d’hépatite A ou de poliomyélite pourraient se déclarer à l’avenir si les pénuries d’eau persistent. Voire, une épidémie de choléra.

Cependant, pour cette mission, nous nous focaliserons sur la vaccination contre la typhoïde.

Quel y sera ton rôle ?

Sur cette mission, je pars en tant que pharmacien et logisticien.

Je serai en charge du circuit des vaccins contre la typhoïde. Nous en aurons 2 types à disposition : le vaccin injectable classique et le vaccin oral.

Je suivrai quotidiennement les stocks, m’occuperai de l’approvisionnement des points fixes et des équipes mobiles de vaccination et m’assurerai du respect de la chaîne de froid. Aussi, je participerai à l’installation des centres de vaccinations et m’assurerai que les équipes aient bien tout le matériel nécessaire ainsi que les sacs d’urgence. J’aurai également le rôle de suivre le nombre de personnes vaccinées selon le type de vaccin. Le vaccin oral est nouvellement disponible sur le territoire français. Il s’administre sous forme de gélules en 3 prises, espacées de 2 jours chacune. Le suivi des prises est donc important.

La Réserve sanitaire permet son accès dans le cadre de cette campagne. Je trouve cette alternative intéressante car certaines personnes pourraient se montrer réticentes face à la vaccination injectable.

Quelle est la durée de ta mission ?

Deux bonnes semaines ! Du 11 au 30 août avec possibilité de prolongation.

Si mon employeur me le permet, je me porterai volontaire pour prolonger ma mission.

Ton employeur te laisse-t-il facilement partir ?

Oui, car il connait la Réserve sanitaire grâce à d’autres soignants qui ont déjà effectué des missions.

J’ai la chance d’avoir un employeur compréhensif. De plus, notre pharmacie à usage intérieur, est une équipe soudée. Nous parvenons à nous remplacer les uns les autres en cas de besoin.

Enfin, les missions avec la Réserve Sanitaire contribuent à mon développement professionnel… Par exemple, sur cette mission, j’apprendrai peut-être des choses sur le maintien de la chaîne du froid et à mon retour, je mettrai ces compétences au service de mon hôpital.

Il s’agit d’une attitude très positive de la part de mon employeur et de mes collègues !

D’ailleurs, as-tu demandé une mise à disposition à ton employeur ?

Non pas du tout. Je pars en mission soit sur mes congés, soit sur un congé sans solde. Il faut juste que mon employeur et mes collègues soient au courant de mon départ suffisamment tôt. Deux semaines avant est un délai raisonnable…

Je ne postule que sur les missions pour lesquelles le planning de service le permet. J’essaie de ne pas mettre mes collègues en difficulté.

Es-tu déjà parti en mission avant celle-ci ?

Il s’agit de ma deuxième mission. Je suis parti à Wallis et Futuna en aout 2022 durant 1 mois.

J’exerçais le rôle de pharmacien hospitalier, sans la casquette de logisticien. Une très belle 1^ère mission !

Une belle expérience professionnelle et humaine à l’autre bout de monde. Wallis et Futuna sont deux petites îles dont les habitants se sentent attachés à la métropole malgré la distance. Nous avons été tellement bien accueillis ! Cette mission avait du sens pour moi, car j’exerçais le même métier que dans mon hôpital mais dans des conditions différentes. En effet, je venais en renfort d’une consœur qui en avait besoin en cette période de 2^ème vague de COVID-19.

Pourquoi as-tu candidaté sur la mission vaccination contre la fièvre typhoïde à Mayotte ?

J’ai candidaté car il s’agit d’une mission de prévention. Il s’agit d’une approche différente de mes responsabilités quotidiennes à l’hôpital. Et puis…, l’épidémiologie, les maladies infectieuses m’intéressent. La typhoïde n’est pas une maladie à laquelle on est confronté en métropole.

Cette mission a du sens et s’inscrit dans l’actualité. Le contexte social est compliqué et il est aggravé avec cette pénurie d’eau d’une intensité exceptionnelle !

Je trouve une vraie pertinence à m’investir sur cette mission.

Comment as-tu connu la Réserve sanitaire ?

C’est un copain qui m’en a parlé, un co–interne, quand je faisais mon internat. Il était inscrit à la Réserve sanitaire et a effectué des missions de vaccinations en métropole. J’ai trouvé son expérience intéressante et j’ai toujours eu envie de m’investir sur des missions de santé publique de terrain.

De là, je me suis inscrit sur : www.reservesanitaire.fr et ai réalisé des formations.

Quelles formations as-tu réalisé ?

J’ai réalisé la formation d’information zonale et une formation en e-learning. Elle donnait des pistes sur le comportement à adopter en mission et dans un contexte de crise.

Je vais prochainement participer à l’exercice terrain de septembre 2023 et à un stage référents/logisticiens.

En tant que réserviste sanitaire, peux-tu me décrire une journée type ?

Il n’y en a pas vraiment en tant que pharmacien…

Cela dépend aussi des missions. Par exemple, à Wallis et Futuna, j’avais à gérer à la fois des projets de fond (améliorer et définir des organisations) et des situations plus aigües. Par exemple, je participais à la vaccination, je devais trouver des solutions pour que les vaccins arrivent à temps aux centres de vaccinations et dans les meilleures conditions possibles. Il y avait toujours des challenges à gérer !

Une journée type en fait, c’est échanger et travailler pour atteindre les objectifs avec les différents acteurs : l’administration, l’ARS, qui donne les ordres, les collègues pour lesquels on vient en renfort, les collègues réservistes, les infirmiers qui vaccinent, les médecins qui diagnostiquent et suivent les patients…

En tant que pharmacien, je dois veiller au bon usage des médicaments, tout au long de la chaîne.

Comment te sens-tu avant le grand départ ?

Je suis impatient de travailler avec les équipes locales, d’apporter ma pierre à l’édifice, de partager de bons moments, d’apprendre pleins de choses et de rencontrer la population. J’ai vraiment hâte d’y être !

Merci Louis et bon voyage !