Ma mission Covid-19 : une mission lourde mais riche humainement

Je suis une infirmière à la retraite depuis 3 ans, et après une longue carrière dans les hôpitaux, j’avais à cœur de continuer à me rendre utile, en tant que professionnelle de santé. La Réserve Sanitaire m’a donné cette opportunité.

J’ai effectué ma 1ère mission l’été 2019, lors d’une campagne de vaccination en Pays de Loire, auprès de la communauté des gens du voyage. Ce fut une aventure riche en rencontres professionnelles et personnelles avec une population de culture et langue différentes. Nous avons été beaucoup aidés par des interprètes d’origine roumaine, nous leur devons beaucoup… Il a fallu s’adapter à une logistique pas toujours évidente, un vrai travail d’équipe… !

Bref, j’ai trouvé cette expérience stimulante et riche, j’étais prête à repartir pour d’autres missions.

« Dès les 1ères alertes de renfort, je n’ai pas hésité à m’inscrire. »

Quand a débuté la crise sanitaire liée au Covid-19 au mois de mars 2020, dès les 1eres alertes de renfort, je n’ai pas hésité à m’inscrire. On m’a proposé d’aller en renfort au CHU de Besançon.

Le confinement se mettait en place et la tension était perceptible partout, gares et trains bondés en Ile de France, mais aussi annulés… une ambiance d’exode… !

Nous nous sommes retrouvés à trois de la Réserve en gare de Lyon, il y avait foule, et à ce moment, pas de mesure de distanciation ni de port de masque obligatoire… !

Arrivés tard à l’hôtel, nous avons pu retrouver le reste de l’équipe avec le référent de la mission. Celui-ci nous a fait le point sur la situation sanitaire au CHU de Besançon, et ce que l’on attendait de nous. La semaine passée avec l’équipe précédente avait mis en lumière quelques problématiques, et les équipes de Direction du CHU avait su trouver une nouvelle organisation.

Le lendemain, après avoir récupéré des voitures de location, rendez- vous était pris avec les équipes de Direction. Ceux-ci nous firent part de la situation et des stratégies mises en place par le CHU de Besançon. On nous proposa de travailler en équipes de jour ou de nuit, aux urgences pour le tri covid-19 et en médecine infectieuse pour les infirmières ou à la régulation des cas suspects Covid-19 pour les médecins.

« J’ai travaillé en médecine infectieuse »

Pour ma part, j’ai choisi de travailler quelques nuits en médecine infectieuse. J’ai ainsi pu travailler en binôme avec une jeune infirmière, le courant passait bien. Nous partagions les tâches, il fallait s’adapter aux pratiques sanitaires d’isolement mises en place pour les patients atteints de covid 19.

Les patients étaient « confinés » dans leur chambre, sans visite possible, à de rares exceptions… Nous entrions le moins possible dans les chambres, une personne à la fois si possible, équipées d’une tenue de protection complète.

J’ai vu des patients en grande détresse physique et psychologique, redoutant le pire… Nos paroles d’apaisement me semblaient tellement insuffisantes… et nous pouvions rarement nous attarder… J’ai garderai notamment l’image de cette femme de moins de 60 ans qui essayait de se débrouiller seule car elle savait qu’il fallait éviter tout contact avec le personnel.

J’avais déjà vécu des situations d’isolement dans les services de soin, mais pas à ce point-là… ! Que de détresse dans le regard, la parole de ces patients qui trouvaient quand même le moyen de nous remercier alors que nous nous sentions si impuissants… !

« Tous étaient là présents »

J’ai été en admiration devant ces équipes qui ont dû mettre en place rapidement des mesures sanitaires lourdes, bouleversant leurs habitudes et leurs pratiques. Certains soignants ont dû se mettre en arrêt pour se protéger ou protéger un proche, d’autres ont été touchés par le Covid à des degrés plus ou moins importants, et tous étaient là présents.

J’ai entendu de la part des équipes, une reconnaissance pour notre aide, même si elle fut de courte durée, et l’écoute que nous leurs portions quand ils nous exprimaient leurs craintes, leurs angoisses… La dernière nuit que j’ai faite avec une autre équipe, l’angoisse était si palpable et communicative, qu’il fut temps pour moi de prendre un peu de repos.

Je pense au traumatisme psychologique subi par les soignants, par les patients qui ont pu s’en sortir, que de chemin à parcourir pour évacuer le stress et retrouver un peu de sérénité…

« Ce fut une mission où la solidarité prenait tout son sens »

Au sein de l’équipe de la Réserve nous avions des horaires variables mais nous arrivions à nous soutenir les uns les autres, et les temps de débriefing avec notre référent nous permettaient de faire le point tous les jours. Dans une situation de crise sanitaire, et avec une équipe relativement importante, la présence d’un référent avait toute sa place, pour faire l’interface avec les équipes de Direction du CHU, ainsi qu’avec la Réserve Sanitaire, compte tenu d’une situation et des problèmes évolutifs.

Pour moi ce fut une mission encore riche humainement, dans un climat lourd certes, mais où la solidarité prenait tout son sens.

Je suis repartie ensuite pour deux autres missions en Ehpad, Ivry/Seine, Vierzon, d’autres belles rencontres, d’autres problématiques, mais là ce sont d’autres histoires.

Josiane


Photo @Josiane « La Réserve sanitaire au CHU de Besançon »

3 Comments

  1. Félicitations pour ce compte rendu qui met en évidence les émotions ressenties et la solidarité. Nicole COGGHE (hâte d’être sélectionnée pour de futures missions)

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  2. Infirmière à la retraite depuis bientôt deux ans je me suis inscrite dès les début à la réserve sanitaire et je n’ai jamais été contactée. Sauf seulement début juin pour faire un bilan de mes disponibilités … et depuis toujours rien .. c’est frustrant et décevant

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    1. Bonjour Claire, être réserviste sanitaire, c’est un bel engagement, mais cela ne signifie que l’on va partir à coup sûr. Il n’y a aucune garantie d’être appelé pour une mission, cela dépend des demandes, du type de compétences recherchées, du nombre de candidats au départ.

      Actuellement, nous avons plusieurs missions sur votre profession. Vous avez dû recevoir nos alertes dans votre boite mail, n’hésitez pas à postuler 🙂

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